Les indices pensables. Episode 46, par Brunor

Index des chroniques

46- Une mystérieuse interférence dans le ciel…

Résumé des épisodes précédents : Les papes Pie XII et François seraient-ils en contradiction, à propos de ce qu’on a coutume d’appeler le Big Bang ? Le premier s’est interdit d’en parler, le second a employé ce terme en public, pour la première fois dans l’histoire de la papauté.

En fait, le pape Pie XII avait commencé d’en parler en 1951 : « La science a réussi à se faire le témoin du ‘Fiat lux’ initial…» avait-il déclaré. Mais le jésuite Georges Lemaître, qui était justement l’un des principaux artisans de cette théorie d’un commencement de l’Univers, avait immédiatement invité le Pape à la prudence, lui demandant de ne pas conclure hâtivement que la science confirmait la Bible ce propos.(1)

Le Pape Pie XII avait dès lors effectivement cessé d’aborder ce sujet en public. Nous étions en 1951 et le Big Bang n’était alors qu’une théorie. Or, une théorie scientifique est énoncée pour faire avancer la recherche. Mais tant qu’elle n’est pas validée ou confirmée, il n’est pas question de se fonder sur elle pour bâtir des de savants édifices. Ce serait comme construire une maison sur le sable... Ce que le Pape Pie XII a très bien comprit lorsque le chanoine Lemaitre l’a invité à la prudence dans ce domaine qu’il connaissait bien.

Mais en 1965, il a 50 ans exactement, les choses ont changé. Cette histoire ressemble à un film ou à une Bd et pourtant, elle est authentique. Deux radioastronomes diplômés sont chargés par la grosse entreprise américaine de téléphonie Bell, de remettre en état de fonctionnement une antenne spéciale destinée aux communications par satellites (2). Nous sommes dans un coin du New Jersey. En principe ce job ne devrait être qu’une simple formalité pour Penzias et Wilson diplômés de Caltech. Pourtant rien ne se passe comme prévu. Chaque fois qu’ils font une tentative de vérification, le signal est perturbé par une interférence qui brouille tout. Ils retournent à l’ouvrage, dévissent des pièces, nettoient, revissent, changent les rivets, rien n’y fait : dès qu’ils reprennent les écouteurs espérant la qualité de silence des espaces infinis, l’interférence est toujours présente, avec son grésillement.

Imaginez une chaine HI Fi toute neuve, vous positionnez confortablement le casque et attendez un son parfait, voilà qu’un grésillement horrible, toujours le même, vient strier vos oreilles. Pas moyen d’écouter Bach, Mozart ou le dernier Pink Floyd, impossible de se débarrasser de ce bruit parasite. Au bout de plusieurs mois de tentatives infructueuses nos deux ingénieurs Penzias et Wilson commencent à sérieusement déprimer et à craindre de perdre leur job pour incompétence. En désespoir de cause, sur les conseils d’un ami, ils finissent par oser téléphoner à un des pontes de l’université de Princeton (New Jersey) le grand Bob Dicke. On peut se douter qu’il va commencer par les envoyer se faire cuire un œuf :
« Un problème d’interférence ? Adressez-vous plutôt aux gens des téléphones Bell, mon gars !
– Mais heu… Justement… C’est que… Les téléphones Bell… C’est nous ! » Contre toute attente, et malgré le burlesque de la situation digne d’une comédie de Jerry Lewis, le professeur Dicke commence à manifester un intérêt certain pour la description du problème :
« Mais dites-moi les gars, votre interférence, vous la captez quand vous orientez l’antenne dans quelle région de la galaxie ?
–Dans n’importe quelle région professeur, de jour comme de nuit et en toute saison, elle est partout ! »



Serions-nous passés dans un film de sciences fiction du genre Interstellar ? Suspens…
Sans se démonter le professeur Dicke poursuit son enquête :
« Et vous travaillez sur quel type d’antenne? Sur un récepteur de 20 pieds, hum. Et… Vous êtes situés où déjà ? … Crawford Hill, à 50 kms de Princeton ? OK, demain nous serons chez vous.
– Attendez, heu qui ça : Nous ?
– Toute mon équipe et moi ! »
Toute l’équipe du célèbre Bob Dicke de l’université de Princeton pour une… interférence ?!?

Le lendemain, dans la Chevrolet qui conduit Dicke et trois ingénieurs vers l’antenne de Crawford Hill, règne une atmosphère de films d’espionnage: « Tu crois que les types de l’antenne auraient pu … trouver ?… Tu penses qu’ils se doutent de quelque chose ? Est-ce qu’ils auraient pu s’approcher du but avant nous ? - Je ne crois pas, ils m’ont l’air d’être tout à fait ignorants de nos recherches… Ils ont juste un problème d’interférence, et ils font venir les réparateurs…
-Les réparateurs ? Ah ah ah ! »

Qu’est-ce que Penzias et Wilson auraient bien pu trouver sans le savoir ? Auraient-ils mieux fait de se taire ? Ont-ils été imprudents de contacter les gens de l’université ?
Quelle est cette mystérieuse interférence digne des aventures de Blake et Mortimer ?
Vous le saurez la semaine prochaine.

(A suivre…)

Brunor

(1) Voir les chroniques sur le Big Bang : http://www.brunor.fr/PAGES/Pages_Chroniques/44-Chronique.html
(2) Voir : Le Hasard n’écrit pas de messages. Scénario et dessin Brunor (SPFC éditions)
et pourquoi pas : voir la nouveauté : L’Être et le néant sont dans un bateau. Brunor. (Brunor Editions. 2014)
(3) Voir tous les épisodes précédents sur www.brunor.fr
ou sur le site de Zénit : http://www.zenit.org/fr/googlesearch?q=les%20indices%20pensables
(4) Voir la nouveauté : L’Être et le néant sont dans un bateau. Brunor Editions (2014)


Chronique suivante

Chronique précédente...

Index des chroniques

NOUVEL ALBUM
Novembre 2014
:

 

Pour commander cet album : ici

Dans la collection :

Les indices pensables,

nouvel Album (octobre 2012)

La lumière
fatiguée

Scénarios et dessins de Brunor

Albums déjà parus :