Les indices pensables. Episode 30, par Brunor
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Les atomes ont-ils toujours existé ?
Résumé : Comme son nom l’indique, le matérialisme athée est très concerné par la question de la matière et donc des atomes. Le fondement de ce courant de pensée repose, depuis la philosophie grecque, sur deux affirmations :
-1- Les atomes sont éternels, puisqu’aucun dieu ne les a créés et qu’ils ne naissent pas du néant.
-2-Les atomes sont capables de s’organiser SEULS pour construire des êtres vivants diversifiés. Aujourd’hui, que répondent les sciences à ces deux questions ?
Beaucoup de personnes se disent athées, en s’imaginant que ce choix, très simple en apparence, correspond uniquement au refus du Dieu des juifs et des chrétiens, refus motivé par différentes raisons. À les écouter, il suffirait de prononcer les mots : « je ne crois pas en ce Dieu » pour être athée. Mais cela ne suffit pas, à moins d’être tout à fait naïf, car en fait, pour être véritablement athée, il faut pouvoir donner une autre explication de la présence de l’Univers et de tout ce qu’il contient.
Comment ce Monde que nous voyons est-il là, s’il n’est pas créé par une intelligence (dieu ou démiurge) ? Car nous avons pu comprendre (grâce au raisonnement de Parménide) que tout ce qui existe n’a pas pu sortir SEUL du néant.
Les premiers grands athées de l’histoire, comme Parménide vers l’an 500 avant notre ère, affirmaient que l’Univers est SEUL, il est le seul être, il a donc toujours existé et existera toujours tel que nous le voyons, immuable, avec ses océans et ses montagnes. C’est ce qu’on cru des générations de matérialistes athées, jusqu’à ce que cette affirmation soit enfin confrontée au réel, et que chacun, sans parti pris, puisse constater qu’elle ne tient plus debout. Car nous savons aujourd’hui avec certitude que la planète Terre n’a pas toujours existé. Donc les océans et les montagnes non plus. Conclusion : cette forme d’athéisme est une fausse croyance. (1)
Il reste deux formes de matérialisme sans dieu :
- l’option de Démocrite (fondateur de l’atomisme vers 400 avant JC)
-et celle de Zénon de Cition (fondateur du stoïcisme vers 300 avant JC). Ces derniers sont appelés Hylozoïstes car ils pensent qu'il y a de la vie dans la matière, dans les atomes (!)...
À vrai dire, ces deux partis sont fort mal en point, car leurs champions se livrent à une guerre d’extermination depuis l’Antiquité sur la question (de la semaine dernière) les atomes contiennent-ils ou non de la vie et de l’intelligence cachées ? (2)
Nous laisserons ce conflit de côté pour retrouver les deux camps adverses d’accord sur deux points qui définissent l’athéisme digne de ce nom :
-1- Les atomes sont éternels
-2- Les atomes sont capables de fabriquer SEULS des êtres vivants.
Une fois de plus, nous le répétons : ne croyez pas ce que nous écrivons ici, vérifiez-le vous-même. En effet, il suffit d’interroger un astrophysicien pour qu’il vous réponde : nous savons que les atomes ne sont pas éternels dans cet Univers. Le seul Univers que nous puissions étudier scientifiquement, car il nous est impossible d’en sortir d’un côté ou de l’autre (avant lui, après lui, ou en parallèle à lui ) pour voir s’il y en a d’autres. Nous connaissons l’historique des atomes, nous connaissons leur évolution, leur genèse. Nous pouvons vous dire avec une certaine précision à quel moment de l’histoire de l’Univers les atomes ont commencé d’exister, à partir de quelle date nous commençons à constater « il y a des atomes, alors qu’il n’y en avait pas auparavant. »
En effet, nous apprenons que durant une période estimée à 380 000 ans après le BIG Bang, il n’y avait pas un seul atome dans notre Univers débutant. Il n’y avait pas d’atomes, pas un seul. Certes il y avait des particules élémentaires, il y a eu des bosons dont le fameux boson de Higgs, il y avait des quarks, de photons, des électrons des particules, mais pas du tout d’atome. Pas le moindre, pendant 380 000 ans, ce qui n’est pas rien !
Ce qui nous apprend que les atomes ne sont pas éternels, puisque nous connaissons même leur date de « naissance » !
Nos scientifiques en savent encore davantage… Ils nous expliquent que nous avons identifié les premiers atomes que notre Univers a pu connaître : ces sont les atomes d’hydrogène. Constitués d’un proton et d’un électron, Ils sont les touts premiers atomes qui donneront naissance à tous les autres, progressivement, par étapes. On notera que le premier atome apparu est aussi le plus simple. L’atome d’Hydrogène s’écrit 1H. Il porte le numéro 1 car il ne contient qu’un seul électron.
Nous verrons que l’Univers est le fruit d’une succession d’étapes au cours desquelles on observe un enrichissement en information et une montée du plus simple vers le plus complexe.
Le tableau dans lequel Dmitri Mendeleïev a classé les atomes dès 1869 selon leur numéro atomique était un tableau logique. Il ignorait alors ce que nous savons aujourd’hui, son classement contient une dimension chronologique car les atomes ont « nés » les uns des autres. En février 2010, la forme standard de son tableau périodique réactualisé comportait 118 éléments, allant de 1H à 118Uuo (L'ununoctium ). (3)
Les astrophysiciens nous apprennent même quelque chose d’assez vertigineux : la totalité de l’hydrogène que contient l’Univers a été créée à cette période : 308 000 ans après le Big Bang (daté de 13,81 milliards d’années), c’est-à-dire, il y a plus de 13 milliards d’années.
Autrement dit : nous savons qu’il n’y a pas d’hydrogène rajouté depuis cette date. Toute la réserve d’Hydrogène du Monde a été constituée à cette époque encore proche du Big Bang.
L’eau qui est constituée d’oxygène et d’hydrogène (H2O) nous permet d’être en contact, dans la mer, les rivières, les puits, sous la douche ou sous la pluie, avec des atomes d’hydrogène qui, malgré leur fraîcheur apparente, ont tous été fabriqués il y a plus de 13 milliards d’années !
Quoi qu’il en soit, en ce qui concerne notre enquête : « les atomes sont-ils éternels ? » Nous savons désormais avec certitude que la réponse est non, ce qui constitue un sérieux coup dur pour l’athéisme, qui devra réviser entièrement son discours qui fonctionnait si bien depuis des siècles, tant que les sciences ne pouvaient pas vérifier si ses affirmations étaient vraies ou fausses.
(A suivre…)
Brunor
Illustration. Copyrights : Brunor. Le hasard n’écrit pas de messages. Tome 3, page 34 de la série : Les Indices pensables.
Dans la collection :
Les indices pensables,
nouvel Album (octobre 2012)
La
lumière
fatiguée
Scénarios et dessins de Brunor
Albums déjà parus :