Les indices pensables. Episode 10, par Brunor
Résumé : En 1861, Louis Pasteur a démontré que la vie ne peut pas commencer toute seule, spontanément, elle ne peut qu’être transmise par des vivants…
Mais alors, sachant que la génération spontanée est impossible, comment se fait –il que la vie ait commencé sur notre planète ? Tous nos scientifiques nous répondent que c’est LA grande énigme, à commencer par le professeur Jacques Monod, prix Nobel auteur du fameux livre Le hasard et la nécessité.
Pour pouvoir réfléchir de façon rationnelle à cette question, il nous faut d’abord enquêter sur les faits scientifiques dont nous disposons dans notre tiroir des connaissances…
Pour qu’il y ait de la vie quelque part, sur Terre, sur Mars ou ailleurs dans l’Univers, les élèves, à partir de la seconde vous diront que 5 conditions doivent être réunies : bonne température, bonne pression, eau liquide, oxygène, lumière. Ils sont donc convaincus que si ces 5 conditions sont présentes, la vie apparaitra tôt ou tard, de façon « naturelle ».
Ce que peu d’élèves apprennent, c’est que ces 5 conditions dites « nécessaires » ne sont pas du tout « suffisantes ». Pour que la vie commence, il manque quelque chose… Et depuis quelques dizaines d’années, nous savons quoi.
Il faut d’abord que soit inventé et mis en place un langage avec son alphabet et son vocabulaire.
C’est le langage du message génétique ADN. Son alphabet est constitué de 4 lettres (4 molécules) qui permettent d’écrire des mots dans le vocabulaire de l’ADN. Ces mots font des phrases, en respectant la grammaire de l’ADN, et ces phrases permettent de rédiger les instructions pour me construire physiquement, comme la couleur de me yeux, la sorte de mes cheveux, il détermine si je suis masculin ou féminin, si j’appartiens à l’espèce humaine ou aux kangourous, tout cela est inscrit « noir sur blanc » comme dans un livre, dans le langage de l’ADN qui contient les instructions de chaque être vivant depuis sa conception.
Donc, maintenant que nous avons les 5 conditions ET le langage de l’ADN, on peut penser que la vie va pouvoir commencer.
Mais non. Toujours pas, car il manque encore quelque chose…
Il manque l’invention et la mise en place d’un second langage, celui des protéines. Son alphabet est différent, il est composé de 20 lettres : 20 sortes acides aminés, qui jouent le rôle de lettres et qui, selon les instructions du message génétique vont fabriquer (synthétiser) les protéines dont j’ai besoin pour vivre, car mes cellules meurent sans cesse ! Il faut les remplacer.
Si nous trouvons sur Terre ou sur Mars ces deux langages avec chacun son alphabet, ET les 5 conditions, on peut penser que la vie va pouvoir commencer spontanément ?
Toujours pas. Vous pouvez remuer tout ça durant des milliards d’années, il ne se passera rien. Car les deux langages ne se comprennent pas. La vie ne commencera pas.
Il faut que soit inventé et mis en place ce qui manque quand deux langues ne se comprennent pas : un traducteur ou un dictionnaire entre les deux langages. Alors seulement vous pourrez constater un commencement de la vie sur Terre. Ainsi dans chacune de mes cellules, les instructions de l’ADN sont-elles traduites dans le langage de protéines pour que sur les chaînes de montage (les ribosomes) soient construites les protéines dont j’ai besoin pour vivre.
Or nos scientifiques nous disent que la vie a commencé en effet sur notre planète il y a un peu plus de 3,5 milliards d’années.
Et ce système incroyablement sophistiqué était opérationnel dès le début : il n’a (pratiquement) pas évolué depuis 3,5 milliards d’années. C’est le même système des deux langages et du traducteur qui a servi à écrire les premières formes de vie « monocellulaires » et les êtres humains, avec leurs 200 milliards de neurones. Ce qui a évolué ? L’information contenue dans les messages. L’information est beaucoup plus riche pour « fabriquer » un être humain, qu’un organisme monocellulaire.
On pourrait suspecter cette présentation sous forme de langages et d’alphabets d’être un artifice destiné à influencer le lecteur. … Mais comme toujours, dans cette enquête, ne croyez rien : vérifiez vous-mêmes. Ce qui est facile à faire : Le prix Nobel de Chimie a été décerné en octobre 2009, à trois chercheurs, pour avoir travaillé sur ce sujet dont l’intitulé est vérifiable sur internet : « Comment fonctionne le traducteur entre les deux langages, celui de l’ADN et celui des protéines ? »
Pour inventer et mettre en place un système intelligent, l’expérience nous enseigne qu’il faut de l’intelligence. Ainsi la découverte de ce système génial relance-t-elle un vieux débat entre Aristote et Démocrite : « Les atomes sont-ils capables de s’organiser tous seuls, sans aucune instruction intelligente, pour créer des tulipes, des hamsters, des êtres humains ? »
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Dans la collection :
Les indices pensables,
nouvel Album (octobre 2012)
La
lumière
fatiguée
Scénarios et dessins de Brunor
Albums déjà parus :