Les indices pensables. Episode 9, par Brunor

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Une philosophie confrontée au réel.

Résumé :
En nous libérant de la « génération spontanée » dont il a démontré l’impossibilité, Pasteur nous apprend que les vivants ne peuvent provenir que de vivants.

Cette fausse croyance était partagée par les plus grands esprits depuis l’Antiquité jusqu’au milieu du XIX°s. Sans doute parce qu’elle apparaissait comme une évidence : objectivement on voyait naitre spontanément des bestioles dans des sacs de farine « inanimée » et comme on n’y avait pas vu d’œufs, on en déduisait que les bestioles naissaient sans parents*. Apparence trompeuse.

Mais on y croyait aussi parce que cette théorie confirmait la pensée de la philosophie grecque : « La vie est une propriété de la matière, elle est éternelle et se manifeste dès que les conditions sont favorables. » Selon le philosophe Empédocle (490-435 avJC), « la vie est l’émergence, au niveau des apparences, d’âmes qui préexistaient ». Quand il est question du commencement  de la vie sur Terre, il n’est pas neutre que les scientifiques emploient si souvent le même terme d’émergence qui est typique de cette interprétation d’Empédocle puis de Platon. D’ailleurs on parle d’un bateau qui émerge quand, après avoir disparu sous les flots, on finit par  le voir ressortir de l’eau, mais le bateau existait déjà ( !)Ce n’est pas le commencement du bateau. En réalité il a commencé d’être, dans les ateliers des chantiers navals.
Dans les siècles suivants,  la génération spontanée va être revendiquée par une préférence philosophique  au nom sympathique : l’hylozoïsme.
Du grec hylé = matière et zoé=vie. Les hylozoïstes enseignaient que toute matière est vivante. Dans leur logique, il y a une passerelle naturelle entre la matière inerte comme le caillou et la matière « vivante » comme la plante, l’animal, l’homme. Pour eux, le caillou n’est qu’une phase qui précède la pomme de terre puis la grenouille.
Cet hylozoïsme est enseigné par Zénon, fondateur du stoïcisme et 301 avJC. Si les hylozoïstes avaient raison, la génération spontanée serait confirmée par les sciences. Mais lorsqu’en 1861, Louis Pasteur a pu confronter cette croyance avec le réel, elle n’a pas tenu le choc. Chacun a pu constater sans ambigüité qu’elle était fausse. Les bestioles sont bien nées d’œufs qui étaient tout simplement invisibles à l’œil nu. On aurait pu y penser plus tôt ! Mais on préférait tellement croire la philosophie grecque si réputée pour sa raison !
Donc cette théorie s’écroulait, ainsi que la philosophie qui la produisait. Mais une nouvelle question est apparue près d’un siècle plus tard. Avant 1900, au temps de Pasteur et Darwin, on pouvait encore croire que la Terre était éternelle, comme l’Univers entier.
Donc si la Terre était éternelle, selon l’enseignement des Grecs, la vie pouvait se transmettre éternellement… elle pouvait « ne pas avoir de commencement ». Les cycles revenaient, l’éternel retour… Mais depuis le milieu du XX° siècle, un pavé expérimental dans la mare nous apprend que notre planète n’est pas éternelle : elle a eu un commencement ! A la même époque que notre Soleil : il y a environ 4,5 milliards d’années. La vie sur Terre ne peut donc plus du tout être éternelle, elle a forcément commencé. Mais alors ?!...Si la génération spontanée est impossible, alors la vie n’a pas pu commencer toute seule !!!
La prochaine fois nous chercherons des indices pour étudier cette question qui est une énigme pour nos savants.
*Voir l’album : Le hasard n’écrit pas de messages, Brunor, Les indices pensables (ed. SPFC)


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Dans la collection :

Les indices pensables,

nouvel Album (octobre 2012)

La lumière
fatiguée

Scénarios et dessins de Brunor

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