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Enquête sur Dieu, Les indices pensables
Tome 2
Chaque Tome présente une histoire indépendante, mais l'ensemble forme un tout.
2- Un os dans EVOLUTION
Rencontre avec Brunor, le 8 octobre 2010.
Un an après Le Mystère du Soleil froid, Brunor
termine les pages de son nouvel album qui sortira pour le Festival de Bande
dessinées d'Angoulême, en janvier prochain, accompagné d'une
exposition..
Tom, le personnage principal de ces enquêtes, est un jeune de notre époque,
qui se pose la question de l'existence de Dieu. Dans sa recherche, il a la chance
de rencontrer des gens qui ne lui disent pas « voici ce qu'il faut croire »,
mais qui lui transmettent des informations précieuses. Le lecteur, quelque
soit son âge rassemble ainsi des indices pour réfléchir
lui-même, des indices...pensables.
Cette fois, vous abordez un sujet très controversé
: l'évolution...
Brunor : Grâce au précédent album (Le Mystère
du soleil froid), des responsables de pastorale m'ont demandé de venir
parler dans différentes aumôneries d'écoles, collèges
et lycées, festivals, frats, dans toute la France. Les centaines de jeunes
que je rencontre ainsi régulièrement, sont de milieux extrêmement
variés, car il ne s'agit pas seulement de collèges catholiques,
mais aussi de LEP dans des régions plus ou poins favorisées. Ces
jeunes ont un point commun : ils sont très étonnés de découvrir
que Dieu, le Dieu de la Bible, est « compatible » avec
l'Univers réel, celui que nos astrophysiciens et nos biologistes étudient.
Vous voulez dire que la foi n'est pas incompatible avec l'univers que découvrent
les sciences ?
Exactement. Et il ne suffit pas de le dire, il s'agit de le montrer. Par exemple
les jeunes nous disent qu'ils voient des contradictions évidentes entre
le récit biblique et les récits des savants, en particulier à
propos de l'évolution biologique. Ils opposent évolution et création
comme deux concepts en conflit, dont le gagnant est généralement
l'évolution. Du coup, la Bible passe pour une fable qui ne sert plus
à grand-chose, ou alors exceptionnellement. C'est la conclusion de la
grande majorité. Les jeunes chrétiens, quant à eux, sont
déstabilisés et pourraient être tentés par un repli
identitaires dans l'attitude « créationniste »
qui suspecte les sciences d'imposture et affirme la fixité des espèces
créées définitivement en quelques jours …
Comment sortir de ce débat créationnistes
contre évolutionnistes ?
En montrant que ces deux termes ne sont pas contradictoires, malgré les
apparences.
« Aucune incompatibilité n'existe entre création et
évolution.» Teilhard a été critiqué et combattu
pour avoir compris cela, et on peut constater qu'une telle affirmation surprend
encore beaucoup de monde. Et rare sont ceux qui savent que cette citation est
de Benoît XVI (le 31 octobre 2008). Si une telle déclaration fondamentale
est de nature à aider les catholiques à réfléchir
d'une façon nouvelle à ces questions, on peut craindre qu'elle
soit de peu d'effet sur les autres, à moins qu'ils ne comprennent sur
quoi s'appuie la réflexion du Pape. Il s'agit donc de mener une enquête
objective sur ce thème et d'essayer de voir les raisons qui permettent
au magistère d'enseigner cela aujourd'hui.
Vous pensez que vos bandes dessinées
peuvent y contribuer ?
La bd est un moyen peu onéreux pour rendre accessible des informations
qui existent mais qui ne rejoignent pas toujours le grand public. Pourtant,
tout le monde se pose des questions sur le sens de la vie, Dieu, le mal, la
liberté...Il ne suffit pas de proclamer : Croyez nos textes sacrés,
rejoignez ma religion, elle vous explique tout ça ! Nous avons la chance
de vivre une époque où pour la première fois dans l'histoire
de l'humanité, il est devenu possible de faire la part du vrai et du
faux sur certaines questions. C'est ainsi que les astrophysiciens donnent raison
au peuple hébreu tout seul, contre les autres peuples de l'Antiquité,
en ce qui concerne le soleil. (Cette affaire est racontée dans le Tome
1.) Mais les hébreux auraient pu dire la vérité sur le
soleil grâce à un coup de chance. Avoir raison une fois ne suffit
pas, il faut poursuivre l'enquête. On s'aperçoit alors que les
prophètes ont affirmé d'autres choses concernant l'Univers et
l'homme qui sont exactes. C'est fort étrange car ils n'étaient
pas des scientifiques, ils n'ont jamais prétendu que la Bible était
un manuel scientifique, et d'ailleurs, le mot scientifique n'existait pas !
Pourtant, il se trouve que certaines de leurs affirmations peuvent, depuis peu,
être vérifiées par nos outils scientifiques. Et cela constitue
une révolution considérable dont nous ne mesurons pas encore la
portée.
En quoi les sciences peuvent-elles nous aider
à faire confiance à la Bible ?
Par exemple, le livre de la Genèse est le seul récit de l'Antiquité
(à notre connaissance), qui nous relate une Création du monde
par étapes. Il suffit de comparer. Certes, Platon nous relate des étapes,
mais dans son récit, l'homme est en premier, il s'est donc trompé
à ce sujet, alors que la Bible ne s'est pas trompée. Comment les
prophètes ont-ils osé écrire que l'homme était créé
en dernier ? Ils sont les seuls à le faire. Voici de quoi interpeller
la curiosité d'un interlocuteur (même athée).
Et comme nous en avons tous autour de nous...
Ne risquez-vous pas de faire du concordisme
?
Une animatrice de pastorale me l'a reproché, elle était convaincue
que dès qu'on compare le récit biblique avec des informations
scientifiques, on fait du concordisme ! Pour éviter tout malentendu,
il vaut mieux revenir sur la définition des termes qu'on emploie. Le
concordisme : Au XIX° s, on a voulu interpréter des passages bibliques
en leur faisant dire certaines choses, de manière à les faire
concorder avec les sciences balbutiantes de l'époque. Comme ça
ne fonctionnait pas, les concordistes se sont ridiculisés et les chrétiens
ont juré qu'on ne les y prendrait plus, ce qui était une sage
décision.
On parle donc de concordisme, quand ça ne concorde
pas ?
Oui, quand on trafique les textes et qu'on fait dire à la Bible ce qu'elle
ne dit pas. Hélas, des gens ont mal compris et s'imaginent à tort
que dès qu'on compare la Bible et les sciences, c'est du concordisme.
Se méfier des sciences, c'est se priver d'indices qui permettent de vérifier
que le Créateur dont nous parle la Bible est en cohérence avec
l'Univers réel, car les sciences et la foi, qui sont situés sur
deux plans différents et doivent y rester, nous parlent bien du même
Univers.
Quand un récit Biblique nous dit par exemple : la piscine appelée
Bethesda est située à tel endroit, près de la Probatique
et elle a cinq portiques. Les archéologues creusent à l'endroit
indiqué et trouvent les vestiges comme ils étaient décrits.
Est-ce du concordisme ? Certainement pas. C'est plutôt une confirmation
que le texte de Jean disait vrai. Quand le psaume 102 nous dit que l'Univers
entier (Terre et Ciel) s'usent comme un vieux vêtement... Si les astrophysiciens
nous affirment l'usure de l'Univers, est-ce du concordisme ? Nous n'avons réinterprété
ni le récit biblique, ni celui des savants : on ne voit pas en quoi il
s'agirait de concordisme, c'est encore une confirmation.
Et donc, on peut dire : C'était vrai. La piscine était bien à
l'endroit indiqué et l'Univers s'use comme l'enseigne la Bible.
Mais les sciences progressent, on ne peut pas
fonder sa foi sur quelque chose de mouvant !
Entièrement d'accord. C'est pourquoi je précise toujours que cette
approche n'a pas la prétention de fonder la foi, mais seulement de la
rendre envisageable. Comme le faisait Jean le Baptiste, il s'agit de débroussailler
les chemins vers Dieu pour les rendre accessibles, et surtout pas de contraindre
les gens à emprunter ces chemins. Si le Dieu de la Bible avait raconté
aux prophètes des blagues du genre : le soleil est éternel, l'univers
est éternel et incréé, les êtres humains (qui précèdent
le reste des vivants) sont devenus des animaux à cause d'une tragédie
et d'une chute... Ne serions amenés, depuis que nous connaissons les
grandes étapes de l'Histoire de l'Univers à construire une cloison
étanche entre notre croyance et le monde réel, car les deux seraient
incompatibles. Mais ce n'est pas le cas du judéo-christianisme dont le
Créateur n'a pas envoyé ses amis sur de fausses pistes. Voilà
pourquoi nous pouvons nous réjouir de ces progrès de la connaissance,
qui nous conduisent parfois à mieux lire les textes Bibliques.
Ces nouvelles données confirment-elles
« foi et raison » ?
Ce n'est pas pour rien que Jean-Paul II et Benoît XVI nous interpellent
sur ce thème, car nous avions tendance à oublier cette réalité
(depuis Kant). Mais pour des animateurs de catéchèse, il ne suffit
pas de déclarer : « La foi et la raison sont en harmonie* »,
encore faut-il pouvoir le montrer. Et cela n'est pas si difficile, puisqu'on
peut le faire en bandes dessinées, sans pour autant être réducteur.
Le maître-mot étant de le faire de façon non contraignante,
dans le respect de la liberté, c'est pourquoi toutes ces informations
ne constituent pas des preuves, mais des indices qui permettent à chacun
de tirer ses propres conclusions. Comment le faire si les indices ne sont pas
accessibles ? C'est un vrai bonheur pour un lycéen chrétien de
réaliser que la raison n'est pas en compétition avec sa foi, et
qu'elle devient alors communicable auprès de ses amis athées.
Ce n'est possible que si la foi est intelligible. Si elle ne reposait pas sur
un contenu vérifiable, ne serait-elle pas une option en difficulté
face à un athéisme dominant qui affirme que l'Univers est seul
et que les atomes se débrouillent tout seuls pour fabriquer des êtres
doués de vie et d'intelligence ? Si la preuve était faite que
Jésus de Nazareth n' a jamais existé, que ferions-nous ? Différentes
sciences nous permettent de savoir qu'il a vécu à telle époque
(2). Est-ce du concordisme ? On voit bien que cela confirme qu'une affirmation
était vraie.
Mais la résurrection est du domaine de
la foi...
D'accord, mais la foi n'est pas aveugle, : elle s'appuie sur une réflexion.
Je sais que je peux croire en la Résurrection car j'ai des raisons pour
le faire : je constate que les témoins ont préféré
mourir plutôt que de nier l'avoir vu vivant après sa mort. Et je
peux m'appuyer sur le témoignage de la génération suivante
qui savait pouvoir faire confiance à ces martyrs, et ainsi de suite.
Avez-vous remarqué que dans la Bible, Dieu ne demande jamais de « croire
aveuglément »? Au contraire, il dit toujours : « Souvenez-vous,
n'ai-je pas fait ceci et cela, pour vous ou pour vos pères, vérifiez,
analysez !.. » Et quand Jésus reproche à ses disciples
leur manque de foi, il leur dit : « hommes sans intelligence ! »
C'est effectivement assez nul d'avoir reçu l'intelligence et de ne pas
s'en servir.
Car si le Créateur nous donne des indices pour mériter notre confiance,
ne les gâchons pas :
« Si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des signes
que vous avez vus ! » dit Jésus dans l'évangile de
Jean. Les signes ne sont pas contraignants, ils ne sont pas des preuves, mais
des indices pour les chercheurs.
Il faut aussi montrer comment le couple Bible et sciences fonctionne sur deux
étages bien distincts, qu'il ne faut pas confondre.
N'est-ce pas contradictoire avec ce que vous
disiez ?
La foi n'a pas à essayer de contraindre la recherche scientifique comme
elle l'a fait dans certaines affaires (Galilée et autres). Elle a intérêt
à se documenter sur les découvertes pour en tenir compte dans
sa prière et sa réflexion. De son côté, la science
n'a pas à essayer de changer de registre, comme elle l'a fait dans l'affaire
Darwin. Ses amis ont prétendu transformer certains faits scientifiques
indiscutables en théorie métaphysique (toujours) discutable où
Dieu est évacué comme inutile. Mais la question de Dieu n'est
pas de la compétence des sciences qui ne peuvent étudier que ce
qui est à la portée de leurs instruments de mesure et d'observation.
D'où l'abus pseudo-scientifique du mot hasard... La bd aborde ces aspects.
Pourquoi ce titre : Un Os dans l'Évolution
?
Petite précision qui a son importance : cet os n'est pas dans l'Évolution,
mais dans le mot Évolution.
Cela m'a amusé de démarrer le livre par cette aventure authentique
du premier os de dinosaure trouvé puis perdu ! La découverte de
ces os géants a d'abord constitué un sérieux os dans la
représentation de l'histoire du monde pour les judéo-chrétiens,
mais il les a obligés à travailler et à convertir leur
regard sur l'univers et les interprétations erronées de la Bible.
Par la suite, cet os symbolique vient déranger le camp des athées,
car les progrès nous apprennent que la matière elle-même,
a connu une évolution, elle n'est donc pas éternelle comme le
postule cette philosophie. A chacun de résoudre les « os »
que pose la réalité...
Cet os est-il un clin d'œil à la
boucherie sanzot de Tintin ?
Je n'y avais pas pensé, ce doit donc être inconscient, car je suis
un fan, et j'ai travaillé avec la Fondation Hergé quand j'étais
responsable des pages Bd de Tintin-Reporter. Comme dirait Milou : si vous voulez
un nouvel os à ronger, il y a de quoi méditer avec cette autre
affirmation de Benoît XVI : « la Création n'est pas
encore achevée »! (Au collège des Bernardins le 12
septembre 2008)
*Mgr Zimowski estime que la science et la foi peuvent instaurer
une « relation féconde et respectueuse en vue du bien de l'homme ».
( Mardi 28 septembre 2010)
(2) voir l'album : www, Jésus qui ? (Le Cerf) Brunor
Pour lire un autre article sur ce sujet
Les rencontres avec Bunor sont rythmées en trois temps :
1- Conférence-rencontre à partir de ses enquêtes en Bd
2- Chansons guitare Un Cd est disponible sur le site www.brunor.fr
3- Dessins projetés sur écran… épisodes brefs de
dessins plus ou moins animés sur des thèmes.
À moduler selon les souhaits des organisateurs.
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