Enquête sur Dieu, Les indices pensables Tome 2
Chaque Tome présente une histoire indépendante, mais l'ensemble forme un tout.
Vérifier qu'il y a des raisons de croire. (Avril 2011)
Le nouvel album de Brunor (Un Os dans évolution, éditions du Jubilé) a fait l'objet d'une exposition au dernier Festival de la Bd d'Angoulême, lors de sa parution en janvier dernier, où Brunor a reçu le prix de la Bd chrétienne. Pourquoi ces albums peuvent changer la vie de nos jeunes.
Vos albums Bd sont de mieux en mieux perçus comme une aide à la transmission de la foi..
Oui, cela me touche beaucoup de recevoir des mails de lecteurs inconnus qui me font part de leur enthousiasme pour ces albums qui rejoignent leurs jeunes et les aident à comprendre que le Dieu de la Bible et du Christ est « compatible » avec le réel que nous connaissons. Car c'est précisément là que se situe le cœur du problème : le Dieu de leur catéchisme n'est-il pas devenu une idée impossible ? C'est à dire une « croyance » incompatible avec les progrès des sciences ?Des aumôniers de collèges me disent que dès la classe de sixième, quand ils apprennent que l'évolution « se fait toute seule », les jeunes se retrouvent face à un choix crucial : perdre la foi ou être coupés en deux : d'une part la foi héritée de la famille et du catéchisme, de l'autre la raison reçue des profs et partagée par la télé et les copains.
Comment vivent-ils ce conflit entre foi et
raison ?
Pour la plupart, c'est un vrai choc. Ils n'ont que 11 ans en sixième.
Depuis leur petite enfance, ils ont baigné dans l'idée que Dieu
était bien là, quelque part, « partout »
ou « dans leur cœur ».
Bien sir, ils ont posé des questions à leurs parents, à
propos de la vie, de la mort, ou d'autres questions encore, mais généralement
les réponses concernant l'existence de Dieu ou son action étaient
convaincantes pour leur intelligence d'enfants, avec une part de mystère
qui apportait une dimension plutôt merveilleuse de nature à leur
convenir.
Ils ont cru que Dieu était bien le Créateur de l'Univers et de
tout ce qu'il contient, et soudain, leurs animateurs mesurent un véritable
conflit qui commence entre les beaux dessins de leur enfance et ce que les profs
leur présentent comme la réalité d'un monde où l'idée
d'un Créateur est ridicule.
Vous pensez qu'il ne faudrait pas enseigner
l'évolution ?
Au contraire, il est impératif d'enseigner le réel. A condition
de donner les moyens de l'interpréter avec intelligence, c'est ce que
j'essaye de faire, car c'est précisément cela qui fait défaut
pratiquement partout. Donc, on ne va pas reproduire l'erreur des créationnistes-fixistes
de certaines sectes américaines qui se sont trompées de combat
! Il s'agit de donner à nos jeunes des moyens de comprendre ce qui est
en jeu, alors que tout cela leur est présenté dans la plus grande
confusion. Quand un problème est mal posé, la solution est absolument
impossible à trouver et le faux débat évolutionnistes-créationnistes
entamé depuis le XIXe siècle peut durer indéfiniment...Car
c'est un absurde dialogue de sourds. Il faut montrer aux chrétiens qu'ils
n'ont pas à craindre les sciences du réel, car le réel
parle de Dieu. Saint Augustin disait que nous disposons de deux Livres pour
connaître la Création et son Auteur Unique : la Révélation
et la Création elle-même.
C'est cela que vous avez dit aux cent prêtres
et leurs évêques qui vous ont invité ?
Oui, fin janvier, lors de la rencontre des cinq diocèses de la Province
de Poitiers, réunis à l'initiative de Mgr Roué, j'ai été
invité pour témoigner de ma façon de parler de Dieu à
partir de l'Univers réel, avec mes enquêtes en bandes dessinées.
Partir du réel c'est prendre acte du fait confirmé suivant : l'Univers
n'a pas été fait d'un coup, ni en l'espace d'une semaine, mais
par étapes. Depuis les origines de la vie sur notre planète, (il
y a 3,5 milliards d'années) on observe l'apparition d'espèces
vivantes de plus en plus complexes, depuis la première forme de vie mono-cellulaire
(une seule cellule) en passant par les virus, les plantes puis les animaux et
enfin les êtres humains. On peut appeler cela évolution, car ,
de fait, chaque nouvelle espèce est réalisée à partir
d'un message plus riche en information que le message génétique
de l'espèce précédente.
On appelle cette progression évolution,
on pourrait aussi l'appeler enrichissement ?
Exactement. La véritable question est : Comment expliquer ce constant
enrichissement en information que nous observons? Le hasard et les probabilités
statistiques sont-ils en mesure de justifier de tant de chance ? Dans l'Antiquité,
des philosophes comme Démocrite pouvaient enseigner que les atomes en
mouvement dans un chaos primordial et éternel s'organisaient tout seul,
au hasard de leurs rencontres, pour former la rose, le cheval, l'homme...Pour
Démocrite, il n'y avait aucunement besoin de recourir à une intelligence
organisatrice, c'est le hasard qui donnait aux atomes les possibilités
de s'organiser tout seuls.
C'est un peu la théorie de Darwin ?
En effet, leur point commun est le rôle considérable attribué
au « hasard ». Il est intéressant de constater
que celui qui a le mieux critiqué cette théorie du hasard des
atomistes n'est autre qu'Aristote. Parce que, contrairement aux autres philosophes,
il avait choisi de prendre pour point de départ le réel et l'expérience,
il avait donc pu constater la complexité de la moindre fougère
et il reprochait aux atomistes la folie (mania) de prétendre qu'une telle
organisation géniale était due au simple hasard...Hasard voulant
toujours dire : « pas d'intelligence organisatrice ».
Aujourd'hui, que dirait Aristote aux néo-Darwiniens
?
On peut supposer qu'il les critiquerait avec encore plus d'assurance qu'autrefois,
pouvant désormais s'appuyer sur les nouvelles informations dont il aurait
aimé disposer 2500 ans plus tôt, et qui viennent confirmer toutes
ses intuitions de façon étonnante.
Les sciences donnent raison à Aristote
contre le hasard ?
Deux points essentiels que tout lycéen connaît (sans pour autant
faire de rapprochement) .
Le premier point est : l'Univers n'est pas éternel, nous ne savons cela
avec certitude que depuis 1964 ! Cette théorie du hasard ne pouvait être
envisageable qu'en disposant d'un temps infini pour que les lois statistiques
permettent aux atomes de s'organiser entre eux « par hasard »
pour faire des plantes, animaux vivants. Cette hypothèse était
recevable tant qu'on ne connaissait pas l'âge de la terre, mais nous savons
aujourd'hui que la Terre n'a que quatre milliards d'ânées et que,
dès que la température à la surface de la Terre l'a permis,
la vie est apparue très rapidement. Puis la vie s'est développée
à la manière d'un joueur de roulette au casino, qui se mettrait
à gagner de plus en plus vite des sommes de plus en plus importantes.Ce
phénomène impossible ne se produit que dans certains films, et
chacun comprend qu'il y a « un truc », c'est à
dire une intelligence qui a agit pour faire en sorte de gagner. Même le
spectateur le plus naïf sait que la roulette est truquée si le joueur
gagne à tous les coups !(voir Océan 13 par exemple). C'est ainsi
que la vie gagne depuis plus de 3 milliards d'années.
Et l'autre point qui confirme le génie
d'Aristote ?
C'est la découverte du message génétique. Nous savons désormais
que ce ne sont pas les atomes qui s'organisent tout seuls, au « hasard »
de rencontres permises par un temps infini, mais que la construction de chaque
vivant est commandée par un message. Au commencement de chaque être
vivant est le message qui transporte dans un minimum de masse toutes les instructions
nécessaires à la construction d'une rose, d'un cheval, d'un être
humain... Tout fut par un message, et sans message, rien ne fut... Et dans notre
Univers, chaque nouveau message n'existait pas avant d'exister. Le passé
ne contient pas le futur, le passé est une étape qui rend possible
un futur qui n'existe pas encore.Personne ne sait comment est né le premier
message génétique écrit avec quatre molécules géantes
qui sont utilisées comme des lettres pour réaliser des mots, des
phrases, des poèmes uniques que sont les vivants dans leur individualité...
Mais ce qui est certain c'est qu'à l'origine de tout message intelligible,
il y a une intelligence.
Cette intelligence, c'est Dieu ?
En l'appelant Dieu, vous allez trop vite. Vous faites une interprétation
« judéo-chrétienne », ce qui n'est pas une
démarche scientifique.Dans notre enquête, il s'agit de procéder
par étapes et de rester dans le registre des indices vérifiables.
C'est cela que demandent les jeunes et toute personne qui réfléchit
honnêtement. Si nous constatons que la présence d'une Intelligence
organisatrice est davantage rationnelle que l'explication par le hasard seul
(ce qui est le cas, depuis qu'Aristote est confirmé par nos connaissances),
il nous faudra poursuivre l'enquête afin de vérifier si cette Intelligence
a cherché à communiquer avec les êtres humains et si elle
nous dit quelque chose d'Elle-même.
Comment procéder ?
De façon rationnelle, scientifiquement, en cherchant dans l'histoire
de l'humanité si l'on trouve une trace de ce genre de prise de contact.
On en trouve beaucoup, car toutes les traditions religieuses ont la prétention
de relater l'Histoire de l'Univers, de tout ce qu'il contient et la présence
de l'Homme sur Terre.
On pourrait en conclure que cette intelligence
s'est manifestée dans différentes cultures, qui la nomment de
façon différente Dieu, Zeus, le Brahmane...
On pourrait sans doute le faire si ces cultures disaient toutes la même
chose, mais hélas, les contradictions profondes entre ces différentes
approches ne permettent pas de conclure que la totalité est authentique.C'est
ce que nous découvrons dans Le Mystère du soleil froid : toutes
les traditions ont fait des sacrifices humains pour honorer leurs dieux, à
commencer par le Soleil... Faut-il en conclure que les dieux exigent ce genre
de démarche religieuse ? Heureusement qu'une subversion s'est introduite
dans cette Tradition commune avec les hébreux, sans quoi nous serions
encore occupés à arracher le cœur de nos jeunes filles et
à précipiter nos enfants dans des gueules de feu pour éviter
la colère de tel ou tel dieu sanguinaire et imaginaire.
Mais comment faire le tri entre les inventions
mythiques et une réelle rencontre avec cette intelligence créatrice
?
En cherchant parmi ces récits transmis depuis l'Antiquité, si
l'un ou l'autre dit la vérité sur l'Univers, l'Homme, les Vivants.
Des sujets dont la connaissance a tant progressé, (et nous n'avons pas
fini !)
Ce qui est la vérité pour un
occidental ne le sera pas sur un autre continent !
Quelque soit notre continent, nous savons pourtant depuis une cinquantaine d'années
un certain nombre de choses que nous pouvons confronter avec les récits
des différentes cultures.Cette démarche scientifique permet de
constater qu'en un lieu, des hommes ont dit vrai à propos du soleil,
affirmant qu'il n'est pas éternel, la Terre non plus, que notre Univers
a un début et aura une fin...Si vous interrogez ces gens afin de savoir
comment ils ont été capables d'enseigner de telles nouveautés
avec trois mille ans d'avance sur nos astrophysiciens, ils vous répondront
: « J'étais occupé à mon métier quand
la parole d'Adonaï me fut adressée en ces termes : va fils d'homme,
et tu leur diras... »
Pour vous, les prophètes ont été
en relation avec cette intelligence créatrice ?
Chacun peut le vérifier. Le prophétisme hébreu est un fait
que nous pouvons également étudier scientifiquement. Nous constatons
que ce phénomène est, à ce jour, unique dans l'histoire
de l'humanité. Il a enseigné durant près de 2000 ans (d'Abraham
au Messie) une vision de l'Univers de l'Homme et des Vivants qui s'avère
exacte, car elle est désormais confirmée.De toute l'histoire de
l'humanité, les prophètes d'Israël sont les seuls à
nous raconter un récit de la Création conforme à ce que
nous découvrons : elle n'a pas eu lieu d'un seul coup, mais par étapes.
Des étapes montantes, du plus simple au plus complexe. C'est ce qu'ont
compris Bergson et Teilhard : Ce qu'on nomme évolution n'est autre que
la Création en train de se continuer, sous nos yeux et avec notre participation.
Car la Création n'est pas achevée, comme l'a rappelé Benoît
XVI aux Bernardins en 2008.
Pourquoi n'en parle-t-on pas davantage ?
Sans doute parce que ces informations sont récentes. Nous n'avons pas
encore intégré dans la catéchèse et la transmission
de la foi, ce gigantesque progrès dans la connaissance qui a été
apporté par l'astrophysique et la biologie depuis les années 1950...
Et comme ce sont les partisans de la pensée matérialiste qui s'en
sont emparés, nous avons tendance à réagir contre la connaissance,
alors que c'est dans le domaine des interprétations qu'il s'agit de travailler
et de bien poser les problèmes. Et cela, les jeunes l'apprécient
car ils peuvent vérifier par eux-mêmes, avec intelligence, que
le Dieu de la Bible et du Christ est compatible avec cet Univers qui est créé
par étapes et qui n'est pas encore achevé.De plus, ils ont enfin
quelque chose à partager avec leurs amis agnostiques car la seule façon
de dialoguer, c'est de se situer sur le même terrain, c'est de partir
du réel.Quand je parle avec des groupes, je répète souvent
: « surtout, ne croyez pas ce que vous dis... Vérifiez-vous-mêmes
! »
Propos recueillis par Brigitte Pondaven
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