Les indices pensables. Episode 32, par Brunor

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La matière ne sait rien faire,

sans instructions...

Résumé : Pour faire des êtres vivants, nous avons aujourd’hui la réponse à une très ancienne question âgée de plus de 2 300 ans : les atomes ne sont pas capables de s’organiser seuls,  ils ont besoin des instructions intelligentes du message génétique. Aristote  avait déjà compris que les atomes devaient leur organisation géniale à un principe organisateur.

Nous avons déjà abordé ces questions dans des chroniques précédentes (1). Retenons qu’Aristote avait compris que tout être vivant, du plus petit jusqu’au plus grand, du plus simple au plus complexe, est un psychisme. C’est-à-dire, un message qui organise la matière multiple. Contrairement à ce qu’enseignait Platon, je ne suis pas fait de deux substances opposées et antagonistes : l’âme et le corps, l’esprit et la matière : c’est une erreur de croire à ce dualisme car mon corps, c’est mon âme (qui organise les atomes).

Je n’ai pas un corps et je n’ai pas une âme : je SUIS une âme qui donne des instructions aux atomes et les organise en organisme. Mon âme ne peut pas « tomber » dans un corps (comme le croyaient Platon et Origène) car mon âme, c’est ce qui fabrique mon corps. Et mon âme fabrique mon organisme de façon unique, en utilisant des atomes de passages, absolument identiques à ceux de mon voisin, et pourtant, malgré cette « matière » identique, nous sommes des individus, des personnes différentes et identifiables, alors que toute notre matière est régulièrement remplacée (2).
Aristote avait compris cela grâce à l’analyse intelligente de ses expériences à partir du réel. Ses déductions sont donc enfin confirmées deux mille ans plus tard par la découverte du fonctionnement du message génétique dont la photo de la double hélice date de 1953 (3).

 Si nous poursuivons une enquête qui se veut objective sur ces questions, nous avons la grande surprise de découvrir qu’une autre tradition partage cette compréhension des êtres vivants, c’est celle des Hébreux Bibliques. Ils ont évité de tomber dans l’erreur du dualisme de Platon et de ses successeurs Philon, Plotin, Origène, Arius, Descartes, Spinoza, Leibniz, etc… La découverte de l’ADN nous enseigne en effet que ce dualisme est une véritable fausse croyance. Poser d’un côté l’âme-esprit, de l’autre côté le corps-machine, comme a continué de la faire Descartes, environ 2000 ans après Platon, c’est mal poser le problème, et c’est donc se condamner soi-même à ne jamais être en mesure de le résoudre. Il est plus juste de considérer l’âme (principe qui compose) et les atomes (qui entrent dans la composition. Mon corps ne peut pas être opposé à mon âme, puisque mon corps n’est autre que mon âme... (Mon âme qui organise les atomes).   Justement, les Hébreux ont été préservé du dualisme Platonicien, non pas par leurs recherches comme Aristote, mais d’abord par leur langue. En effet, l’hébreu n’a pas de mot pour dire le « corps » tout seul, le corps séparé de l’âme.
Il y a le mot bassar, qui signifie le « corps vivant », autrement dit la personne tout entière. Si mon grand-père meurt, on ne peut pas dire comme en français : «le corps est dans le cercueil », car si le « corps » n’est plus vivant, on ne peut plus le nommer « corps », on utilise le mot « cadavre » ou « défunt » (3).

Hélas, certains traducteurs ont trop hâtivement traduit bassar par corps et nephesh par âme, ils ont tenté de faire entrer ces termes dans les catégories de la culture grecque platonicienne. Mais les rabbins vous diront que bassar et nephesh sont synonymes comme on peut le vérifier dans la Bible hébraïque : kol bassar est synonyme de kol nephesh et également de kol adam. Les 3 expressions signifient la même réalité : « tout homme ». Un terme souvent employé et souvent bien traduit : « toute âme vivante » qui est équivalent à la traduction « toute chair ». On pourrait aussi traduire par  « tout respirant »qui exprime bien la caractéristique de tout vivant. « Tout ce qui vit et respire… »
Pour les Hébreux bibliques,  L’homme, comme les animaux et les plantes et une âme vivante, une chair, un respirant, ce qui est confirmé par nos connaissances biologiques, et ce qu’avait compris Aristote. Tous les trois sont d’accord.
Cependant il y a une différence fondamentale soulignée par les hébreux bibliques : une chose que n’ont reçu ni les plantes, ni les animaux mais seul l’homme et la femme : une NESHAMAH.
Cette NESHAMAH est traduite en français souffle ou esprit. 
Genèse 2,7 : L’Eternel-Dieu façonna l’homme, poussière extraite de la terre, il fit pénétrer dans ses narines un souffle (NESHAMAH) de vie, et l’homme devint un (NEPHESH HAYA) âme vivante (ou respirant, ou animé)…
C’est cette NESHAMAH qui fait la dignité de l’être humain, car elle concerne son intelligence, sa liberté, sa volonté, son agir et sa capacité à entrer en dialogue et en alliance avec le Créateur Unique.

 (A suivre, à partir du 10 aout 2014…) Bonnes vacances !

Brunor

  1. Voir la chronique précédente : http://www.brunor.fr/PAGES/Pages_Chroniques/31-Chronique.html
  2. Photo prise par Rosalind Franklin, la grande oubliée de la découverte de l’ADN : voir Le Hasard n’écrit pas de messages.
    A propos de Rosalind Franklin : http://www.franceculture.fr/emission-la-marche-des-sciences-rosalind-franklin-depossedee-de-l-adn-2013-01-03
  3. Ce n'est pas "le corps" qui EST dans le cercueil, c'est le cadavre ... Du moins, dans la langue hébraïque. Et également selon Aristote, car les Hébreux et Aristote ont compris que "le corps" n'existe pas inanimé (sans psyché ou neshamah pour l'animer) : il n'est plus qu'une "illusion de corps" ..Pour Aristote et les Hébreux Bibliques, quand la mort est survenue il n'y a plus de corps, il ne reste que... le cadavre, c'est à dire des atomes qui étaient organisés en organisme, qui désormais vont être désorganisés...Mais en français, nous sommes tellement habitués au discours Platonicien que nous disons volontiers " le corps" est dans le cercueil, ce qui n'est pas tout à fait juste. Car le corps, c'est le corps animé, c'est à dire la personne. Du moins, si l'on est prêt à confronter toutes ces philosophies au réel, car alors, on voit bien par soi-même si cela est confirmé ou pas.

Illustration. Copyrights : Brunor. Un Os dans évolution Tome 2, page 33 de la série :  Les Indices pensables.

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Dans la collection :

Les indices pensables,

nouvel Album (octobre 2012)

La lumière
fatiguée

Scénarios et dessins de Brunor

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