12- L'empreinte transfigurée

p. 45 : Que penser des dieux ou d’un dieu
qui demanderait des sacrifices humains ?

Les sacrifices païens étaient des tentatives pour amadouer des dieux.
Dans les différents paganismes de l'Antiquité, ces sacrifices cherchaient à
apaiser le courroux des dieux, à qui l'on pensait devoir payer une sorte de dette de culpabilité mystérieuse.

. Il s'agissait de montrer ainsi aux différentes divinités que l'on était prêt à sacrifier quelque chose de précieux,
comme des animaux de plus en plus gros (généralement, un bélier avait plus de prix qu'une colombe, mais moins qu'un taureau.
Un être humain semble avoir été perçu comme ayant encore plus de prix (ce qui est interessant du point de vue anthropologique )
mais cette primauté de l'homme sur les animaux ne suffisait pas à interpeller la conscience des sacrificateurs
et à leur faire comprendre
que la pratique du sacrifice humain est une abomination, car elle est criminelle.

Le Dieu d'Abraham marquera sa différence radicale en réussissant à convaincre Abraham
de NE PAS SACRIFIER son fils Isaac sur l'autel religieux.
(Voir le Tome 1 : Le mystère du soleil froid pages 30 et suivantes).

Le sacrifice humain avait pour fonction de payer une dette aux divinités.
C'est particulièrement frappant avec cette pratique du sacrifice du premier né
commune à bon nombre de civilisations de l'Antiquité.
Ainsi, comme toute la civilisation de Chaldée,
la famille d'Abraham pratiquait ces meurtres rituels.
Le midrach raconte que le père d'Abraham établi à Ur en Chaldée,
était artisan et fabriquait les idoles religieuses pour les sacrifices humains.

On comprend encore miex l'invation faite à Abraham (Abram) de tout quiteer,
de s'arracher à ces pratiques sacrificielles absurdes qui conduisent les pères à tuer leurs propres enfants.
La Genèse nous relate le parcours de cet homme qui a tout quitté
et qui s'est mis en route,
pour se laisser guider et ainsi, apprenant progressivement à quitter le confort des fausses croyances sacrificelles,
ces pratiques criminelles qui cherchent à cconvertir les dieux et à les rendre meilleurs
alors que le "Korban" hébreu cherche à ME convertir
à ME rendre meilleur.


On pourrait résumer ainsi : Les païens font des sacrifices sanglants en vue de convertir leurs dieux,
alors que chez les Hébreux bibliques, c'est le contraire :
le "Korban" hébreu ( malheureusement traduit : "sacrifice" ) est destiné à ME convertir, à ME rendre meilleur.

Dommage que ces deux attitudes radicalement différentes portent le
même nom de "sacrifice"! C'est la source de graves malentendus
et de contre-sens.

Comme le résume très bien le père. Bernard Sesboué
qui parle de "dérive sacrificielle" :
(p.15 Monde de la Bible déjà cité) :

“Les Pères de l’Eglise répètent à l’envi
que Dieu n’a pas besoin de sacrifices,
s’il en demande, c’est pour le bien de l’homme.
Cette doctrine traversera les siècles,
au risque de connaître une régression,
dans la mesure où l’attention
se fixera davantage sur l’immolation sanglante et où la notion d’expiation
véhiculera une image vindicative de Dieu.

Une dérive sacrificielle dans les temps modernes conduira ainsi à comprendre à tort
la personne du crucifié non plus comme l’expression de l’amour bouleversant de Dieu mais comme
la victime de la justice divine.

Or, à l’inévitable question :
pourquoi le salut du monde passe-t-il
par la mort sanglante de Jésus ?
Il faut répondre sans hésiter :
parce que le péché et la violence des hommes ont rejeté le juste par excellence qu’était Jésus.

L’oeuvre de mort vient des hommes, tandis que l’oeuvre de vie vient de Dieu...
comme le rappellent les Actes des apôtres (Ac 2, 23-24) :

23- "cet homme, livré selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu,
vous l'avez crucifié, vous l'avez fait mourir par la main des impies..
24- Dieu l'a ressuscité, en le délivrant des liens de la mort,
parce qu'il n'était pas possible qu'il fût retenu par elle.…"

Le dessein amoureux de Dieu a su convertir l’excès de mal en bien.

"Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous avez tué, en le pendant au bois."
(Actes 5-30 )

Fin de citation du Père Sesboué.

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