12- L'empreinte transfigurée

p. 44 : Satisfaction par substitution pénale ?

 

Saint Anselme (1033-1109), dans son livre Cur Deus homo (Pourquoi Dieu s’est fait homme)
a donné à sa théorie un nom juridique : "Satisfaction vicaire par substitution pénale."

C'est à dire que dans l'esprit de ce théologien-juriste,
ce que Jésus a accompli n'est autre qu'un acte juridique :
Rembourser à Dieu la dette que les hommes avaient envers Lui, à cause de la faute d'Adam et Eve.

Selon saint Anselme, aucun homme n'était capable de racheter (terme juridique) une si grande faute,
c'est pourquoi, depuis saint Augustin, on enseignait que le genre humain tout entier était condamné
et voué à la damnation éternelle (l'Enfer)., excepté un petit nombre de rachetés.

Mais Jésus étant "Fils de Dieu", il est beaucoup plus qu'un homme ordinaire,
il est donc le seul capable de payer la dette due à Dieu,
il est le seul capable de "satisfaire" (terme juridique qui signifie,
en plus du remboursement, la compensation due à celui qui a été lésé.)

Donc la satisfaction est dite "vicaire", ce qui veut dire "adjointe",
car Jésus lui-même n'avait bien sûr aucune dette envers Dieu.
Pourquois'agit-il d'une "substitution pénale" ?

Parce que selon saint Anselme,
Jésus a reçu la peine infligée aux coupables à notre place,
il s'est substitué aux vrais coupables qui n'étaient pas solvables.

D'un point de vue juridique, la théorie de saint Anselme est cohérente,
d'ailleurs, elle est fondée sur celle de la "masse de damnation"
énoncée par saint Augustin, mais est-elle compatible avec l'Amour de Dieu
enseignée dans la Révélation Biblique et Evangélique ?

On mesure à quel point l'aspect juridique a pris le dessus en Occident,
tandis que les Pères d'Orient ont toujours préféré le vocabulaire de l'Amour de Dieu pour nous,
afin d'expliquer la mission du Christ.

A la question : Pourquoi Jésus est-il venu ?
Pour résumer, on peut constater que
les Pères d'Occident répondaient : "A cause d'un péché si grand !."
Et les Pères d'Orient : "A cause de son Amour si grand !."

Hélas, au cours des siècles suivants, cette interprétation de Saint Anselme
ne va pas cesser l'occuper la majorité de l'espace mental et spirituel
des chrétiens d'Occident et cet aspect juridique sera encore aggravé par trois théologiens :
Luther, Calvin et Jansénius.
(Voir l'album : Le Secret de l'ADAM inachevé, Brunor)

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